vendredi 3 août 2007
Vinyl "Le Chant du Monde": rarissime.
Grâce à un correspondant et ami des USA, James Whiting, nous sommes en mesure de publier cet article pour éclairer le sujet d'un vieux disque français, "Rythmes de Cuba, Le Chant du Monde, par l'Ensemble National de Danse de Cuba" (LDS 4218).
Nous avions déjà évoqué ce disque dans l'article "Discographie" de ce même blog.
James - que nous ne remercierons jamais assez - a fait des pieds et des mains pour nous permettre enfin de partager cet album rarissime avec les internautes. Vous pourrez le télécharger au format mp3 et Aiff en cliquant ICI.
(Si le lien ne fonctionne pas, n'hésitez pas à nous le signaler!! - Nous devrons re-contacter James pour qu'il le renouvelle…).
Pour cela, il a dû nettoyer le disque et le numériser, en essayant d'en ôter légèrement les bruits de fonds pour lui conserver une qualité sonore optimale. Il nous a même envoyé une photo du vinyl sur sa platine:
À propos du contenu du disque:
Il ne s'agit pas d'un disque fabuleux du point de vue musical, mais d'un document rare présentant l'intérêt d'entendre chanter à la fois Jesús Pérez, José (ou Eugenio?) de la Rosa et Nieves Fresneda.
Il ne s'agit probablement pas d'un enregistrement du Conjunto Folklórico Nacional mais plutôt du Teatro y Danza Nacional qui existait avant 1962. L'enregistrement est "live" et on y trouve le programme suivant:
Face A -
1a) "Chants pour Eleggua" (Che bá, che bá, akpwón José de la Rosa)
1b) "Toques de Tambours Batas" (Alaró)
2) "Chant Abakuá" (Moruá Jesús Pérez)
Plusieurs remarques particulières ici:
-les tambours sont manifestement des congas, et le toque est très étrange, avec une cloche semblable à celle du güiro havanais.
-Jesús Pérez chante au début les parties du soliste et du choeur à lui tout seul.
-Des femmes chantent dans le choeur.
Ne s'agirait-il pas là plutôt d'une sorte de rumba? Jamais plus par la suite on n'entendra d'ensemble national jouer la musique abakuá avec autant d'approximation…
3) "Chant pour Yemayá" (Akpwona Nieves Fresneda, toques Ñongo, Iyesá, Güiro instrumental, Rezo a Ochún, Idde Were).
Face B -
4) "Mamá no Quiere, Conga", sans grand intérêt, et au texte pour le moins équivoque: "Mamá no Quiere que yo Juegue a la Pelota" (sic).
5d) "Chant des Ibeyes" (akpwón José de la Rosa).
5e) "Chant à Ochún" (akpwón José de la Rosa, Iyesá).
6) un "tableau" sans grand intérêt sans la danse, intitulé "La Rembambaramba" (en fait une conga) dont les sous-parties sont mal intitulées, car dans le désordre:
6a) "Mamita, Mamita, Yen, Yen, Yen" (choeur que l'on n'entend… jamais!)
6b) "Okere Iyabo"
6c) "Allá Tumbadores"
La seconde partie est elle aussi abakuá (Allá Tumbadores), jouée da la même façon que sur la face A, mais avec une cloche beaucoup appropriée. Sans doute ce tableau met-il en scène une procession ancienne de carnaval, et l'on entend résonner tout le long des enkanima d'íremes abakuá.
Nous tirerons de l'écoute attentive de ce disque plusieurs éléments intéressants:
-Jesús Pérez est annoncé comme chanteur du second morceau (abakuá). Si on le compare avec le chanteur du disque "Afro-tambores Batá de Giraldo Rodríguez, longuement évoqué sur nos blogs, on constate qu'il s'agit bien du même chanteur, auquel cas le doute n'est plus permis: le chanteur sur "Afro-tambores Batá" est bien Jesús Pérez.
-À propos de José de la Rosa.
Nous avons déjà évoqué ce problème: l'un des plus grands akpwones de Cuba, de "l'ancienne époque", se nommait Eugenio de la Rosa, surnommé - nous a dit Lázaro Pedroso - "El Yerbero", car il vendait des herbes médicinales. Il chante dans ce qui restera comme le premier disque de musique yoruba de Cuba: Santero (Panart 1414, 1947). Sa voix, très particulière, et sa façon de chanter ont sans aucun doute influencé une akpwón beaucoup plus connu: Lázaro Ros.
Dans le film de 1962 "Historia de un Ballet" dont nous avons publié des extraits à la fois sur Youtube et sur Echuaye, on voit chanter l'akpwón ci-dessous:
Ce chanteur est présenté dans le film comme "José de la Rosa El Carpintero". La voix est la même que dans le disque "Santero" mais l'homme paraît en 1962 un peu trop jeune pour avoir déjà chanté dans 'Santero' en 1947, soit 15 ans auparavant.
Par contre, on nous a désigné le musicien ci-dessous:
comme étant "Eugenio de Jesús María, hijo de Obatalá". Il s'agit-là d'une photo rassemblant les différents participants aux conférences de Fernando Ortiz dans les années 1940. Le personnage souriant situé juste derrière lui ressemble fortement à notre José de la Rosa du film. Bien évidemment, il s'agit de supputations, mais il pourrait s'agir-là de frères de la Rosa, Eugenio et José, car la différence d'âge entre les deux ne paraît pas suffisante pour que l'on puisse supposer que l'un fut le père de l'autre.
les deux noms, José de la Rosa et Eugenio de la Rosa, sont mentionnés dans les divers programmes du Teatro y Danza Nacional que nous avons pu trouver, mais jamais nulle part au Conjunto Folklórico Nacional. Ce fait tendrait à prouver deux choses:
1° il s'agit bien ici d'un disque du TNC et non du CFNC.
2° soit il existe deux frères de la Rosa, soit on a confondu plusieurs fois leurs noms et leurs surnoms, ce qui semble improbable. Bien sûr, nous avons envoyé plusieurs mails à Cuba à qui de droit pour éclaircir ce "mystère de la Rosa" et nous attendons des réponses…
Voici une autre photo des conférences d'Ortiz, où, derrière Merceditas Valdés et les joueurs de tambours (iyá: Raúl Díaz "Nasakó" et itótele: Giraldo Rodríguez), il semble bien qu'on ait à nouveau nos deux chanteurs:
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